RDC: un policier condamné à perpétuité pour le meurtre d’un militant de la Lucha
La justice militaire congolaise a condamné à perpétuité un policier pour le meurtre d’un militant du mouvement citoyen Lucha lors d’une marche, le 21 mai dernier, contre l’insécurité dans cette contrée. C’est un verdict historique qui a été rendu ce lundi à Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
C’est à l’issue d’un procès en trois audiences à la mairie que le verdict a été prononcé, et le tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo n’a retenu aucune circonstance atténuante : prison à vie pour l’agent principal de police Eric Ombeni. Lui et l’Etat congolais, reconnus civilement responsables du meurtre, sont sommés de verser 100 000 USD à la famille de la victime. Tout au long du procès, ouvert le 8 juin dernier, le policier a nié avoir ouvert le feu sur le manifestant Marcus-Freddy Kambale, 22 ans.
Lors de l’instruction, l’agent de police a accusé le ministère public et le chef de la police de Beni, le commissaire supérieur principal François Kabeya, d’avoir fait de lui un bouc émissaire, de l’avoir « sacrifié ». Le chef urbain de la police s’est vu accuser par le policier d’avoir exfiltré le « vrai meurtrier » du site de l’incident et de l’avoir fait partir dans une jeep d’intervention de la police. Selon Mumbere Jean-Pierr, avocat du condamné, ce n’est pas le policier qui a tiré à balles réelles qui s’est retrouvé devant le tribunal. Il a annoncé son intention « d’interjeter appel » du jugement à Goma, chef-lieu de la province.
Le mouvement citoyen Lucha a salué le verdict, une première dans la région, mais réclame des poursuites contre le chef urbain des troupes, car le meurtrier était sous son commandement. Lucha dit attendre que justice soit rendue pour un autre de ses militants, Obadi Kambale, tué par balle au cours d’une manifestation en novembre de l’an dernier à Beni.
Ce verdict a également été salué par des organisations internationales des droits de l’homme. Pour Jean Mobert Senga d’Amnesty International, ce verdict est « un grand soulagement ». Le gouvernement congolais « doit maintenant s’acquitter des réparations dues à la famille et surtout arrêter de causer d’autres morts et blessés lors des manifestations », a-t-il déclaré.
Les meurtres fréquents lors de manifestations
Mais la RDC n’en finit pas avec les meurtres lors des manifestations. Si celle de l’opposition, ce lundi, contre l’entérinement par l’assemblée nationale du choix controversée de Ronsard Malonda à la tête de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a fait aucun mort, lors de celles du 9 juillet dernier, cinq personnes sont mortes et 36 autre ont été blessées, selon le gouvernement.
Dans la capitale Kinshasa, il y a eu deux morts parmi les manifestants, 20 policiers blessés (dont deux grièvement), et 12 civils blessés. Dans les villes de Lubumbashi, Kasumbalesa et Kipushi (province du Haut-Katanga), il y a eu trois morts parmi les manifestants, et quatre blessés par balles, égrène le compte-rendu de la trente-huitième réunion du Conseil des ministres, qui s’est tenue le 10 juillet. Dans l’ensemble, notait le Conseil, la Police congolaise s’est comportée « avec beaucoup de professionnalisme »